La loi TEPA est une aubaine pour les starts-up en recherche de financement mais cela ne suffit pas à stimuler l'innovation. Comme le souligne à juste titre Steve Rosenblum dans une interview récente:"Le problème n'est pas dans l'incitation à l'investissement. La France est presque un paradis fiscal pour les investisseurs.../...Le problème, c'est que les gens qui pourraient investir de cette façon ne sont pas assez aidés. On voit plein de dossiers passer, chez nous, mais les particuliers ne les voient pas forcément."
Le plupart des start-ups recherchent des business-angels avec des tickets de multiples de 10 ou 100k€ en amorçage pour faire face à leurs frais de personnel, d'infrastructure, de propriété intellectuelle, etc... Ces business angels peuvent se trouver par réseautage (club de BA, pro du secteur...). Cependant ce n'est pas la seule ressource: Il existe un vivier de plus petits investisseurs aujourd'hui captés par les banques avec leurs produits de FIP-ISF et FCPI-ISF. Or ces fonds qui pourrait aussi intervenir en amorçage sont souvent ensuite réinvestis dans des sociétés plus matures pour des levées de plusieurs M€. Ils ne participent donc pas à l'étape la plus risquée de l'innovation.
Il est en plus dommage pour celui qui s'intéresse un tant soit peu à ses investissements et la R&D de n'avoir aucun levier dans le choix des sociétés ciblées par son fond. (A titre perso quand je lis certaines annonces de levée dans la presse je suis bien content de ne pas avoir de sous dans le fond en question...)
J'ai découvert récemment en visitant la mélée numérique, le stand de la société Wiseed qui est une approche très innovante dans le secteur: Wiseed fait du crowd-funding. La société repère des start-ups en recherche de fonds d'amorçage ou de développement. Puis elle propose à tous les petits investisseurs de composer leur panier avec les fiches descriptives de chaque boîte et mettre l'argent souhaité dans chacune. Les utilisateurs de Wiseed peuvent partager les infos et avis à propos des différentes sociétés en cours de levée. Une sorte de e-commerçant qui vend des opportunités d'investissement.
Chacun peut donc calculer son risque en fonction de ses moyens et de sa conviction dans le projet et l'équipe de chaque société. Il est ensuite informé de l'évolution de chaque société ou il a investit par un administrateur de Wiseed qui le représente le pool d'actionnaire auprès de la start-up.
Régioneo a réalisé sa levée récente via Wiseed et à rédigé un livre blanc à ce sujet qui intéressera les porteurs de projets ouverts à ce type de montage.
Pour aller au bout du modèle et devenir le LaFraise du financement, il ne manque plus qu'à Wiseed de s'appuyer publiquement sur ses clients pour identifier et sélectionner les sociétés à mettre dans la galerie.
Le second enjeu de Wiseed est de péreniser son modèle face au risque de changement de la fiscalité. Comme le souligne S.Rosenblum: "imaginez qu'un tel business se monte et que la loi Tepa disparaît... Il ne reposerait plus sur rien." Wiseed n'a plus qu'à prouver le contraire !
Il existe une troisième alternative : rejoindre une Société d'Investissement de Business Angels (SIBA) : le bon compromis entre 0 visibilité sur les investissements (Fonds ISF) et 0 visibilité sur la qualité réelle des investissements (Plateformes d'intermédiation comme Wiseed).
Cf http://www.franceangels.org et http://www.novaris.fr pour plus d'information sur ce type de structure.
Rédigé par : Dgillesfr | 27/05/2010 à 09:51
C'est une alternative mais comme le souligne ce très bon document (http://dauphinebusinessangels.com/docs/SIBA_Janvier_2010.pdf)
"inadapté aux investissements d’un faible montant, car les frais de structure paraissent démesurés"
Donc outil intéressant pour les gros BA qui veulent mutualiser leur risque mais pas pour les petits investisseurs à moins que vous connaissiez des exemples originaux ?
Rédigé par : Daniel Broche | 27/05/2010 à 10:08
Bonjour,
D'autres commentaires sur le sujet sur http://www.business-angel-france.com/la-chronique-dun-business-angel
Cordialement.
Patrick
Rédigé par : Patrick HANNEDOUCHE | 28/05/2010 à 11:45
En fait, concernant la pérennité du modèle de Wiseed, il n'y a pas que l'ISF, il y a aussi la défiscalisation IR, 25% quand même.
A mon humble avis, la nécessité des dispositifs fiscaux n'est nécessaire que pour l'amorçage d'un modèle comme celui de Wiseed.
Une fois que l'usage sera créé (les petits investisseurs mettront leur argent dans des PME innovantes plutôt que dans le CAC40), les allégements fiscaux ne seront plus indispensables, mais juste un catalyseur.
De plus, c'est reconnu que la création d'emploi est dans les PME, pas dans les grands groupes, donc on peut espérer que ces incitations fiscales soient maintenues durablement.
Pour compléter ton article, il faut aussi savoir que dans le crowd funding, il n'y a pas que l'entrée au capital, il y a aussi le prêt et le don, qui peuvent prendre la forme d'une multitude de petites participations, surtout quand le projet a une portée d'intérêt général. Regardez ce que fait Marc Lipskier (avocat et chroniqueur sur green business de BFM) avec son cabinet Bamboo and Bees et son concours de startups http://blog.bambooandbees.com/2010/03/le-green-challenge-cest-parti.html
Rédigé par : Marc Thouvenin | 04/06/2010 à 08:37