Je n'ai pas souhaité écrire "à chaud" quand j'ai lu la note de Loic qui explique qu'il va prochainement mettre en ligne son test ADN sur son blog (via le service de 23andme).
Les technologies génétiques tout comme Internet ouvrent des espaces de liberté nouveaux. Il est important de défendre cette liberté mais il est tout aussi indispensable d'en assumer la responsablité.
Le premier sentiment que j'ai eut à la lecture de cette note c'est une surprenante légereté vis à vis d'un sujet qui inquiète beaucoup.
La video de présentation de ce nouveau service me rappelle Bienvenue à Gattaca. On retrouve dans l'enthousiasme et les explications de ces deux entrepreneuses, la logique des personnages de cette fiction.
Bien sûr Loic est un très bon polémiste qui sait qu'une position tranchée à outrance favorise le débat et les réactions.
De plus le test en question ne dévoile pas tout son code ADN mais uniquement quelques centaines de caractéristiques.
Il n'empêche: en rendant public même partiellement son information génétique, Loic va indirectement dévoiler définitivement une partie du patrimoine génétique de toute sa famille. En particulier ses enfants.
Pour quelque-un qui a depuis longtemps comprit l'importance d séparer sa vie publique de sa vie privée, il me semble que ce choix est bel est bien irréfléchi.
D'une manière plus large, les business-models autour de la génétique me laissent aussi perplexes que ceux autour de la musique en ligne, basés sur les droits d'auteur.
L'ADN est un support d'information. Il est donc répliquable à l'infini. Jusqu'à présent ce sont les barrières techniques qui nous ont empêché de le lire et de le faire circuler (pour le décryptage c'est une autre histoire). Un peu comme les morceaux de musique à l'ère du CD...
La digitalisation de cette information rend sa circulation libre. L'exemple de la musique montre à quel point il est ensuite difficile de résoudre le problème de la responsabilité (coûts, détournements, etc...)
23andMe me fait donc penser à Napster en son temps. Une approche radicalement différente, en réseau mais complètement déconnectée de la réalité sociale...
Ça permettrait de créer de nouveaux sujets pour la presse people: "le second bébé de Carla B. n'est pas l'enfant de Nicolas S., comme le prouve le test pirate ci-joint réalisé sur site ADNblabla.biz à partir d'un prélèvement de salive réalisé par son ancienne nourrice..." :o)
Rédigé par : François | 23/03/2008 à 06:29